La rose et le liseron
La rose dit au liseron qui penchait un peu trop vers elle :
- Je suis la fleur d’amour au parfum envoûtant. De tous temps, les femmes, les poètes, et même les sages, ont vanté ma beauté. Je suis de toutes les fêtes et de toutes les saisons. A l’aube de la vie, je suis là. Mes divines couleurs percent l’obscurité de l’enfant nouveau-né. A chaque déclaration d’amour faite en secret ou partagée en une célébration solennelle, je suis là, main dans la main avec la tendresse. A chaque hommage rendu aux mamans, aux grand-mamans, je suis là aussi. Je suis là également à chaque anniversaire. Même au crépuscule de la vie, sur le dernier lit des défunts, je trône en princesse, tel un ultime espoir. Alors, liseron, toi que l’on croise sans même te voir, redresse-toi, je te prie, car tu me fais de l’ombre et cela nuit à mon teint.
Et le liseron de répondre :
- Oh vénérable princesse, je ne suis qu’une liane impatiente et sauvage, qui serpente au gré du soleil, quand vers mon cœur il darde ses rayons. Je ne suis qu’un fruit timide abreuvé par l’eau de la source. Je tiens le brillant de ma robe des sucs de la terre et ma longévité des parcelles de moi que le vent dissémine. Rien ne pourra m’arrêter, si, pour ton malheur, on oublie de te rendre visite et d'élaguer la place où tu trônes. Oh oui, vénérable princesse, c'est vrai, tu es la plus belle des fleurs. Mais moi, je suis libre.
Martine
(Rediffusion du texte publié à l'origine sur Arc-en-ciel)
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