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Sur le bord de la route, vivait une petite fleur des champs.

Une abeille vint à passer par là, qui, la voyant, stoppa net son vol, se dirigea vers elle et lui bourdonna à l’oreille :

-   Qui êtes-vous donc, jolie demoiselle ? Si vous le permettez, je m’attarderai quelques instants en votre cœur soleil.

Flattée autant que très surprise, mais surtout très gênée, la petite fleur répondit en rougissant :

-   Mais d’où venez-vous vous-même, Madame, pour voir en ma modeste nature plus de beauté qu’elle n’en a ?

-   Je viens d’un jardin de soleil, répondit l’abeille, où fleurissent presque toute l’année des roses somptueuses, soignées régulièrement par des mains douces, expertes et sensibles, où embaument des lys majestueux, où les pétales délicats du passionné jasmin s’offrent aux regards aiguisés des esthètes. Mais en nulle de ces fleurs pourtant superbes, je n’ai vu tant d’amour de la vie et de fureur de vivre qu’en toi, petite marguerite, ce qui te rend si magnifiquement belle, toi qui pousses au bord du macadam.

Martine

(Rediffusion du texte publié à l'origine sur Arc-en-ciel)