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Le cheval et la licorne

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     Un jeune et beau pur-sang blanc répondant au doux nom de Nuage, galopait dans la prairie inondée d’un soleil matinal. L’herbe étincelait de rosée. Les rayons irisés qui traversaient les branchages et venaient colorer sa robe immaculée, mettaient le cheval encore plus en valeur. Mais Nuage ne se souciait guère de son apparence, ni du tableau féerique que représentait son galop matinal. Il jouissait simplement du bonheur de vivre, en ce modeste petit paradis.

 

     Soudain, il s’arrêta. Devant lui, de l’autre côté de la haie, se tenait un autre cheval, qui le regardait courir. Il était étrange celui-là, et d’une beauté à coupler le souffle. Nuage s’approcha plus près de la haie, hypnotisé par son regard d’or. Puis, reprenant ses esprits, il l’accueillit comme il se doit :

-          Eh, bonjour l’ami ! Bienvenue !

-        Bonjour répondit l’étalon, excuse-moi pour mon intrusion, mais je te voyais courir là, en cette prairie magnifique et je trouvais cela si beau…

-          Tout le plaisir est pour moi, je t’assure. Quant à moi, dès que je t’ai vu, je me suis dit : « Quel est ce prince des chevaux qui me fait l’honneur de sa visite ? » Et quelle est cette superbe corne qui orne son front ? J’aimerais tellement en avoir une moi aussi ! C’est majestueux !

-          Ne m’envie pas cette corne, ami. Elle est belle, certes, mais elle n’est pas très pratique. Dans les recoins pierreux, elle m’empêche de brouter l’herbe ; parfois, elle reste coincée dans les branchages et j’ai un mal fou à me libérer. Et puis… elle me ralentit dans ma course… Non, s’il te plaît, ne m’envie pas… Toi, tu peux galoper des jours entiers, crinière au vent, fier et libre… Quand tu en as assez, tu te choisis un arbre, parmi tous ceux que tu aimes, et tu te reposes dans son ombre. Puis, quand de nouveau tu as envie de courir, tu y vas, au jour que tu veux, à l’heure que tu veux. Alors que moi… Je ne suis pas un cheval ordinaire, je suis une licorne. Et comme toutes les licornes, je ne vis que par l’imagination des petits d’homme ou celle des humains adultes qui fuient les douleurs de la réalité. Il suffit qu’ils s’arrêtent de penser à moi ou de rêver de moi et je disparais, hop ! comme ça, d’un claquement de doigt… en plein galop, ou quand je suis en train de humer le parfum d’une jolie fleur, ou quand je perds mon regard dans la voûte étoilée… Et sais-tu ce qui leur plaît le plus chez moi ? Ce qui fait qu’ils m’admirent ? Je dis bien « qu’ils m’admirent », non pas qu’ils « m’aiment », non, mais qu’ils m’admirent… C’est ma corne, uniquement ma corne. Si je ne possédais pas cette corne, je n’existerais pas. Voilà à quoi tiennent ma liberté et les sentiments que j’inspire aux humains. Toi, ils t’aiment suffisamment pour t’avoir donné un nom, alors que moi, je ne suis que la licorne qui passe…

 

     La licorne eut à peine le temps de prononcer ces derniers mots qu’elle disparut dans la brume matinale. Un enfant venait de tourner la dernière page du conte de fée où elle était enfermée…

 

Martine 

 



17/06/2015
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