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Le Noël de Lise (2ème épisode)

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     Un mois plus tard, Lise prenait l’avion pour Bora-Bora. Seule. Malheureusement, Coralie venait à son tour d’être frappée par la grippe. Dans l’état où elle se trouvait, un voyage n’était vraiment pas conseillé. Coralie avait lourdement insisté pour que Lise parte sans elle, bien que cette dernière n’en eût plus du tout envie. Lise avait fini par s’habituer à cette idée de séjour en Polynésie en compagnie de sa meilleure amie. Elle entrevoyait déjà toutes les choses intéressantes et amusantes que toutes deux pourraient faire là-bas, entre les excursions, les nombreuses disciplines sportives qui étaient proposées par l’hôtel cinq étoiles où elles allaient séjourner, et tous les spectacles et soirées dansantes prévues. Sans Coralie, forcément, ce ne serait plus aussi amusant.

 

     Les yeux perdus dans l’immensité du ciel, Lise réfléchissait. Ce voyage imprévu vers une île paradisiaque était l’événement le plus étonnant qu’il lui eût été donné de vivre ces dernières années. C’était vraiment une opportunité à ne pas manquer, car celle-ci ne se présenterait pas une deuxième fois, et une chose était certaine, elle ne pourrait jamais se payer un tel voyage. Des dizaines de questions se bousculaient dans sa tête. La première : pourquoi Sébastien avait-il eu l’idée de participer à ce concours ? Elle avait fait le calcul. Au moment où il avait envoyé sa participation, il voyait régulièrement sa maîtresse. Alors pourquoi ? Comment peut-on entretenir une liaison extraconjugale d’un côté et de l’autre rêver d’un voyage en amoureux avec sa femme à l’autre bout du monde ? C’était incompréhensible. Si encore il avait inscrit le nom de sa maîtresse  sur l’imprimé de participation, mais non, c’était bien le sien, Lise Ducatel qui figurait sur le libellé ainsi que sur l’enveloppe. À n’y rien comprendre. Aurait-il eu des regrets ? Des remords ? L’aimait-il encore, finalement ? Lise se sentait déstabilisée. Pendant des mois elle avait fait des efforts surhumains pour l’oublier. Pour oublier l’insupportable vérité : Sébastien avait cessé de l’aimer puisqu’il était allé chercher bonheur ailleurs. Et maintenant ce voyage pour deux qu’il avait lui-même souhaité. De quoi ébranler ses certitudes. Sébastien l’aimait-il encore ou non au moment de sa mort ? De toute façon, je n’aurai jamais la réponse à cette question… » se désola-t-elle. Alors autant arrêter d’y penser. Et puis ça ne change rien au fait qu’il m’ait menti pendant des mois. Il était là à me susurrer des mots tendres à l’oreille le matin au lit, avant de partir au travail, tout en sachant qu’il la retrouverait, elle, un peu plus tard dans la journée. Quand j’y repense… Tu te fais du mal, se sermonna-t-elle, arrête d’y penser. Va, profite de ce séjour paradisiaque et ne te pose plus de question.

 

      L’arrivée à Bora-Bora fut digne d’une arrivée princière. Les voyageurs furent accueillis dans la joie et la bonne humeur avec des colliers de fleurs et l’apéritif local. Lise se réjouit de constater que le séjour commençait plutôt bien, bien qu’elle eût tout d’abord envisagé celui-ci avec beaucoup de réticence et qu’elle se sente aussi très fatiguée. Avec le décalage horaire et les restes de cette grippe qui avait traîné en longueur, il ne lui restait guère de forces. Elle avait eu beaucoup de mal à se débarrasser de ce virus très agressif qui l’avait terrassée et contrainte à garder le lit pendant plus de dix jours. Son médecin lui-même lui avait dit que dans toute sa carrière il n’avait connu que deux cas de très forte grippe : celui d’un ancien patient et le sien. Une fois la fièvre disparue, Lise avait repris le travail, mais dans un état de fatigue aussi intense que persistant. Pourvu que je me sente plus en forme à partir d’aujourd’hui ! se dit-elle. Ce serait quand-même bête d’avoir fait autant de kilomètres pour rester coincée dans ma chambre !

 

      Quand elle la découvrit, cette chambre, un bungalow sur pilotis surplombant le lagon, avec le Mont Otemanu en toile de fond, elle n’en revint pas. L’eau couleur turquoise était si limpide qu’on y voyait nettement nager des poissons de toutes les couleurs. Elle en resta bouche bée. Éblouie. Littéralement. Elle avait vraiment la sensation que toute la lumière environnante venait d’entrer subitement en elle. Au paradis. Elle se trouvait au paradis. N’arrivait pas encore à y croire. Jamais elle n’aurait pu imaginer pouvoir un jour se retrouver en cet endroit idyllique. Ce qui était sûr, c’est que ce n’était pas avec son maigre salaire mensuel qu’elle aurait pu se payer un jour un tel voyage. Elle avança timidement au centre de la chambre. Une petite merveille, elle aussi, joliment décorée des couleurs de la Polynésie, de la literie jusqu’aux tentures en passant par ce magnifique bouquet de fleurs tropicales qui trônait au milieu de la table. En une fraction de seconde, quelque chose accrocha son attention sur ladite table, justement. Quelque chose qui ne semblait pas à sa place dans ce décor. Elle s’en approcha. Une enveloppe. Il s’agissait d’une enveloppe. Blanche. Toute simple. Vide de toute inscription. Sans doute un mot de bienvenue de la part de la direction de l’hôtel, se dit-elle. Elle l’ouvrit tranquillement, le sourire aux lèvres, se réjouissant de cet accueil plus que parfait. Tout était organisé avec élégance et bon goût, en cet endroit. De quoi mettre des milliers d’étincelles dans les yeux des clients. À l’intérieur de l’enveloppe, une lettre manuscrite. Sans aucune entête ni logo. Une très longue lettre. Visiblement il ne s’agissait pas d’un mot de bienvenue de la part de la direction de l’hôtel, mais d’un correspondant ou d’une correspondante privée qui avait fait déposer cette missive dans sa chambre. Elle était très intriguée. « Chère Lise », commençait la lettre. Sans attendre, elle descendit jusqu’en bas pour découvrir l’identité de la personne qui lui écrivait.  Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Non… ce n’est pas possible… ça ne peut pas être elle… Mais en remontant la lettre en en poursuivant sa lecture, elle put constater qu’elle ne s’était pas trompée. 

 

À suivre...

 

 

 

 



14/12/2017

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