Neige d'argent
Il s'appelait Neige d'argent,
C'était un bel écureuil blanc.
Ses quelques mèches argentées
Avaient construit sa renommée.
Pourtant il n'était pas aimé
Des écureuils de son quartier,
Qui le surnommaient "l'étranger"
Et le croisaient sans le saluer.
Ils ne voyaient pas d'un bon œil
Qu'en leur assemblée d'écureuils,
Aux fiers panaches d'un beau roux,
Vienne un "poil blanc" de rien du tout.
On le toisait, on l'évitait,
On le narguait, on le moquait.
On lui interdisait l'accès
De ces lieux où l'on décidait
De la politique et des lois,
Des restrictions, interdictions,
Sanctions ou autorisations
Et ce qui touche à la raison.
Et puis voilà qu'un jour d'hiver,
Dans le bois de blanc recouvert,
Neige d'argent surprend le loup,
Tapis dans un buisson de houx,
En train d'épier les écureuils,
Sautant dans les branches sans feuille.
N'écoutant que son tendre cœur,
Il court prévenir ses moqueurs,
Qui le renvoient en s'esclaffant,
Et de rabat-joie le traitant,
Le discréditent de plus belle,
Devant l'assemblée des rebelles.
Voyant le danger menacer,
Il n'a de cesse d'insister,
Se proposant avec courage
D'espionner l'animal sauvage,
Exposant intelligemment
Que, pourvu d'un pelage blanc,
Il passerait inaperçu,
Sans aucun risque d'être vu.
Même il pourrait les prévenir
Quand il verrait le loup venir.
Il connaissait même un sentier
Où il les ferait s'évader.
Mais les écureuils entêtés,
Ne voulaient pas se faire aider
Par l'étranger qu'ils méprisaient,
Dont ils soupçonnaient l'intérêt.
Ils refusèrent obstinément
Le soutien de Neige d'argent.
Alors un matin tout gelé,
Tandis qu'ils cherchaient à manger,
Le loup surgit sans faire un bruit.
En un seul saut, trois furent pris,
Qu'il dévora en un instant,
Sous les yeux de Neige d'argent.
Moralité : On ne subit que ce que par bêtise ou par peur on s'inflige soi-même.
Martine
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